Retourner au travail après un accident vasculaire cérébral
27/08/2021
Les
professionnels de la santé pourraient faire preuve d’un regain d’intérêt envers
la réduction au minimum de la fatigue post-AVC chez les patients, grâce à une
nouvelle étude qui montre que la fatigue post-AVC est fortement associée à
l’incapacité de reprendre le travail jusqu’à 12 mois après le congé de
l’hôpital. L’étude a porté sur les patients hospitalisés et les patients
ambulatoires de l’Santé Bruyère Hôpital Élisabeth-Bruyère, âgés de 18 à 60 ans et ayant
subi un premier accident vasculaire cérébral (AVC).
Les
résultats ont montré que la fatigue est un risque significatif d’incapacité à
reprendre un emploi 3, 6 et 12 mois après le congé de l’hôpital,
indépendamment de la gravité de l’AVC, de l’âge, des troubles cognitifs ou de
la dépression. Il s’agit peut-être de la première étude à examiner le retour au
travail et la conduite automobile chez les jeunes survivants d’un AVC tout en
contrôlant ces facteurs de confusion.
L’AVC est
l’une des principales causes de décès et d’invalidité au Canada, avec une
augmentation globale des incidents chez les adultes en âge de travailler. Se
remettre d’un AVC comporte son propre lot de défis, et si les jeunes survivants
d’un AVC sont souvent confrontés à des attentes plus élevées en matière de
récupération, ils doivent également faire face à une pression accrue afin de
reprendre le travail.
« La
fatigue post-AVC est extrêmement courante chez les survivants d’un AVC, mais
elle n’a pas été reconnue ou est sous-estimée », a déclaré la Dre Christine Yang,
chercheuse principale de l’étude et directrice médicale en réadaptation du
Réseau régional des AVC de Champlain. « Elle est invisible comparativement à
d’autres déficits physiques évidents; cependant, elle est souvent considérée
comme l’un des trois problèmes les plus invalidants après un AVC. Il est
bénéfique de dépister systématiquement la fatigue post-AVC en réadaptation et
d’informer les survivants d’un AVC et les employeurs au sujet des répercussions
de la fatigue post-AVC sur le retour au travail. »
À Bruyère,
la réadaptation est proposée aux patients hospitalisés et aux patients externes
dans le cadre du rétablissement d’un AVC. S’assurer que les patients
comprennent les effets qu’ils ressentent et ce que cela peut signifier
lorsqu’ils reprennent leur vie quotidienne est une partie importante du plan de
soins du patient.
Le retour
au travail est inscrit dans les Recommandations canadiennes pour les pratiques
optimales de soins de l’AVC. Toutefois, les chercheurs ont noté que les
patients signalaient souvent des obstacles importants à leur retour au travail,
la fatigue post-AVC étant considérée comme le principal obstacle au cours de la
première année suivant l’AVC.
Les
professionnels de la santé peuvent aider les patients à explorer des stratégies
pour réduire au minimum la fatigue post-AVC, a recommandé la Dre Yang,
notamment aller à son rythme, conserver son énergie et pratiquer l’hygiène du
sommeil, la méditation, la marche et d’autres exercices physiques et cardiovasculaires
progressifs.
« Grâce à
ces connaissances, les professionnels de la santé peuvent mieux comprendre
comment la fatigue liée à l’AVC est un aspect si important de la santé de leurs
patients », a déclaré le Dr Hillel Finestone, directeur de
la recherche en réadaptation post-AVC à Bruyère. « La fatigue n’influe pas
seulement sur la capacité du patient de reprendre le travail, mais a également
des conséquences sur sa capacité d’accomplir les activités de base et
importantes de la vie quotidienne. Cette étude rappelle avec justesse aux
professionnels de la santé que la fatigue liée à l’AVC n’est pas seulement un
symptôme bénin ou sans importance — elle a des conséquences sur la vie du
patient pendant des mois après son AVC. »
L’importance
de pouvoir reprendre le travail est cruciale pour cette population, car non
seulement elle offre une sécurité financière, mais il a été démontré qu’une
transition réussie vers le retour au travail augmente la satisfaction envers la
vie, le bien-être subjectif et la qualité de vie liée à la santé. Comprendre
les effets de déficiences « invisibles » comme la fatigue sur les survivants
d’un AVC peut s’avérer essentiel pour améliorer les soins et la réadaptation et
mieux préparer les patients dans leur parcours vers le rétablissement.
Lire la publication complète : Post-stroke fatigue: A factor
associated with inability to return to work in patients <60 years – A 1-year
follow-up. (La fatigue post-AVC : un facteur associé à
l’incapacité de retourner au travail chez les patients de moins de 60 ans
– un suivi d’un an) (en anglais seulement)